vendredi 10 juin 2011

Si ça s'appelle mélancolie

C’est demain.

Je pensais que le stress ne m’atteindrait pas et que bon, ok, ça fait un tas de kilomètres à aligner, mais bon, c’est pour le plaisir tout ça. Et ça m’a fait plaisir de m’entraîner, de me préparer, de parcourir tout le chemin qui mène jusque là. Je pensais donc rester détendue et sereine jusque dans le quart d’heure qui précède le coup de feu.

Finalement, j’ai le ventre tout tordu et un stress mélancolique qui me caresse les cheveux.

C’est peut-être une déprime ante-partum. Voilà, c’est fini ou c’est tout comme.

C’est peut-être une stratégie de l’inconscient qui nous met en état de veille, qui veut nous concentrer le mental sur la course. Je suis dans ma bulle de spleen, je ne veux rien savoir de ce qui m’entoure. Allez-vous-en, embrouillants parasites.

C’est peut-être parce que Chéri a oublié que demain était un jour spécial pour moi. D’accord, il est à 6 000 kilomètres et il a la tête saturée de plein de choses importantissimes, mais, quand même, ça me rend un peu triste.

C’est peut-être parce que mon père devait être là demain. Parce que c’est lui qui m’avait parlé de ce marathon qui pouvait rentrer dans mon agenda et m’éviter de refaire celui de Montréal. Parce qu’il est décédé 6 jours plus tard, deux jours après que j’ai pris mon inscription. Parce que j’ai décidé de le courir malgré tout. Parce qu’il était content que je coure. Parce que ça lui aurait fait plaisir que je coure malgré tout, je le sais. Parce que je veux qu’il soit fier de moi. Parce que je serai à Luxembourg avec ma maman et sans mon papa. Parce qu’il nous manque.

Ça doit être pour ça que j’ai le ventre tout tordu et un stress mélancolique qui me caresse les cheveux. C’est sûrement pour ça.

Mais demain sera une fête. Le spleen se sera dissipé. J’aurai du bonheur à courir. Et puis de la souffrance. Et je ferai de belles rencontres. Avec mon père, qui sait ? Alors il me rabrouera avec de grands gestes bourrus et des soupirs exaspérés, et que je suis bien gnangnan, et que ce n’est pas parce qu’il est mort qu’il faut en faire tout un plat.

Tu as raison papa, demain ce sera une fête, juste une fête. Mais laisse-moi dormir avec mon chagrin. Juste pour cette nuit.

5 commentaires:

  1. Ton papa sera là avec toi c'est sûr !!
    Je pense à toi Delphine. Amuses-toi bien :)

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  2. J'espère que ce fut une fête aussi belle que tu les souhaitais. Une chose est certaine, tu m'auras fait vivre toute une gamme d'émotions. Premièrement avec ta course mais aussi avec ce billet-doux. Poursuis la fête tant que tu veux!

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  3. Je n'avais pas vu ce billet. Moi aussi comme M.Fourmis ci-haut, tout plein d'émotions en te lisant. J'aurais aimé te souhaiter qu'il y soit pour toi. J'espère que tu l'as croisé quelque part dans la course...
    xx

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  4. Ah ben non, je ne l'ai pas vu! Il a laissé la fête prendre toute la place. Il m'a seulement traversé l'esprit, sans s'y installer. C'était sa façon de m'aider, je pense. Merci les amis, c'était un belle fête, grâce à lui, et grâce à vous!

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