jeudi 19 avril 2012

(B)BQ...

... ou Comment griller son marathon

Vous souvenez-vous de Mme D. dont nous avons déjà évoqué les tristes vacances dans une précédente analyse? C'est d'elle qu'il sera encore question ici. Des erreurs dont elle n'a rien appris et de celles dont elle a été victime.

Vendredi 13 avril
Nul n'est superstitieux mais ce jour est funeste. Toutes les prévisions météo du moment arrêtent d'être fa
rfelues et de se contredire pour annoncer d'une voix, une seule, un beau 30° pour le lundi 16 avril. [erreur] Soit. Mme D. s'adapte et va s'acheter un magnifique bikini rose. [erreur de style]

Samedi 14 avril
C'est le jour des valises. On sait combien c'est compliqué. Mme D. veut disposer de tout son temps pour les préparer et pour commencer à se mettre dans cet état catatonique qui précède les courses importantes. Un état de semi-veille hargneuse et dépressive qui contient toutes ses énergies. Mais M. D. en a décidé autrement. Premièrement, une affaire brûlante à régler pour le travail retient M. D. dans son bureau jusqu'à 14 heures. 
[erreur] Il en surgit bien de temps à autre pour déturbuler les enfants, mais Mme D. est loin de pouvoir atteindre la catatonie dont elle aurait besoin. (Cela dit, merci M. D., sans votre intervention la Terre aurait sans doute arrêté de tourner.) Deuxièmement, M. D. a invité un collègue à souper. [erreur] Le collègue est au demeurant très sympathique et M. D. s'est occupé des courses et du ménage, mais, vraiment était-ce bien le moment?

Dimanche 15 avril
Maison.
Tôt. Les valises sont finalement bouclées, Mme D. prépare le casse-croûte pour la route (ô, surprise, des pâtes et des bananes, et du pain), les enfants
[erreur] se traînent hors du lit, M. D. jette quelques effets dans un sac, s'habille, sort et se dirige vers la station de Bixi. Il s'en va chercher la voiture à l'agence de location située à 4 km de la maison. En chemin vers le Bixi, M. D. vérifie qu'il a bien son permis de conduire. De permis, foin. [fatale erreur] Il rentre, cherche, accuse pernicieusement Mme D. de le lui avoir subtilisé, se rend à l'évidence. Mme D. laisse la préparation du casse-croûte et des enfants [erreur] aux mains de M. D. et enfourche un Bixi. Arrivée à l'agence, elle s'aperçoit que sa carte de crédit est déjà dans le short lauréat du grand prix de participation au marathon. [erreur] Mme D. reprend un Bixi, remonte chez elle, reprend sa carte de crédit et re-pédale vers l'agence de location. Elle devra encore attendre 10 minutes qu'on lui remette la voiture. [erreur] Elle re-re-retourne chez elle, embarquement express pour Boston, détour inutile par le bureau de M. D. pour retrouver le maudit permis de conduire, départ définitif. Il est 10h30, retard sur l'horaire prévu: une heure et demie. [erreur]

Frontière Canada-USA. Trois-quarts d'heure d'attente et de joviale paperasse. Mme D. note avec plaisir que les douaniers sous la photo d'Obama sont beaucoup plus sympathiques que sous la photo de Dubbleyou Bush.

Route. Long. Très joli. Trois enfants. Très long. M. D. prend le volant.
Sans permis et sans que la voiture soit à son nom. C'est très mal. C'est long pareil. Mais très, très joli le paysage.

Boston. Expo marathon. Il est 17 heures, l'expo où il faut retirer son dossard ferme à 18 heures. M. D. jette Mme D. à l'entrée du Seaport World Trade Center, il tournera dans le quartier et la récupérera devant le grand bateau blanc. Mme D. va droit au but, pas le temps de s'immerger dans l'ambiance [erreur], juste noter qu'il y en a du monde. Elle prend les informations sur les transports en commun (pour suppléer à l'absence de permis de M. D. [erreur], au cas où vous ne suivriez pas), prend son dossard, son sac de machins-souvenirs, achète pour 20$ un billet pour la pasta party. Mme D. reprend le volant, direction l'hôtel de ville pour la fiesta de la pasta. 

Queue pour manger des spaghetti. (Quel cirque.)
Hôtel de ville. M. D. insiste pour prendre un autre chemin que celui indiqué par Mme D. afin de rejoindre la pasta party. [erreur] C'est sympa de marcher un peu pour visiter, assure-t-il. [erreur, erreur, erreur on te dit] Enfin arrivés sur l'esplanade de l'hôtel de ville, M. et Mme D. poussent un cri d'effroi. La queue pour entrer est interminable et fait du sur-place. Trois enfants [erreur] qui sortent de six heures de voyage et un jour qui commence à se faire tard [erreur], Mme D. donne ses billets à une bénévole. La famille ira faire pitance ailleurs. Dommage, pense-t-elle le cœur serré, ça avait l'air d'être la grosse ambiance à l'intérieur.

Souper. M. D. connaît "un endroit super tout à côté pour manger". Il emmène la famille au Quincy Market, la fair food du cœur touristique de Boston qui sent le graillon. 
[erreur] Mme D. arrive à trouver un plat de pâte à peu près pas noyé dans le gras. Les enfants mangent des crevettes. Elle joue à repérer les coureurs. Certains s'affichent avec leur T-shirt "Boston 2012" qui fait mal aux yeux. D'autres se la jouent "j'y étais déjà il y a 10 ans, c'est écrit sur ma veste Boston 2001, qu'est-ce que que tu dis de ça, pauvre tache?".

Retour du souper fin. M. D. propose de "faire un petit tour". [ignominieuse tentative d'erreur étouffée dans l’œuf] Mme D. l'envoie balader. Il est presque 19 heures, elle veut dormir et il reste 50 km à faire pour rejoindre l'hôtel. La famille repasse sur l'esplanade de l'hôtel de ville. La queue pour la pasta a disparu. Re-pincement au cœur. La famille aurait-elle dû patienter?

Westborough. Hôtel.
Check-in. Long. fatigués. Long. La journée ne finit pas.
[erreur] Les enfants [erreur]qu'il faut canaliser prennent l'énergie de M. et de Mme D. [erreur] Enfin, le sésame. La chambre. Les lits. UN lit et un canapé-lit, au lieu de DEUX lits et d'un canapé-lit. [erreur] M. D. va rouscailler à la réception. À cause du marathon, c'est tout ce qui leur reste. [erreur] Mme D. se retrouve à ouvrir le canapé-lit et à faire le lit. Faire le lit dans un hôtel? [il doit y avoir erreur] Sous le canapé, Mme D. trouve un assiette sale et un slip peut-être sale. [il y a deux erreurs] M. D. qui a chassé le slip ne s'est pas prononcé.

Avant de se coucher, M. et Mme D. doivent convenir d'une nouvelle stratégie[nouveau=erreur] pour que, malgré l'absence de permis de conduire
[erreur], M. D. puisse se rendre à Boston. Étudier les horaires des trains, trouver les gares.

M. D. dort avec deux enfants dans le king size. Mme D. dort avec un enfant dans le convertible. Les enfants
[erreur] respirent, gigotent [erreur], la chambre est à 25° [erreur], la clim fait un bruit d'enfer [erreur], les fenêtres s'ouvrent difficilement et Mme D. se fait presque un claquage des deltoïdes en voulant les ouvrir au milieu de la nuit [erreur], le frigo fait des intervalles de vrombissement de cinq minutes tous les quarts d'heure [erreur], l'horloge ne donne pas la bonne heure mais rend un tic tac parfaitement sonore [erreur]. Mme D. change de lit pour échapper au bruit et voir ce que ça fait de dormir à quatre dans un king size. Ça ne le fait pas. Elle envisage de dormir dans la baignoire. Elle finit pas s'endormir.

Elle rêve qu'elle rate le départ de la course parce qu'elle est dans les toilettes et qu'elle n'arrive pas à remettre ses chaussures tandis que Pascale et Éric l'attendent en haut.

Lundi 16 avril
Mme D. se réveille sans son réveil.

Elle se dit que c'est pas gagné. [fatale erreur]

16 commentaires:

  1. LOLOLOL!!!!! Je vais relire 2 jours avant Ottawa!!! Eric S

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    1. Je te garde tes enfants à Montréal si tu veux. :-))

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  2. Delphine... merci pour cette savoureuse tranche de vie (erreur) leçon de vie! Mais des erreurs, nous en faisons tous lors de nos courses ... la première, arrivée à l'avance pour se familiariser avec l'environnement ... (erreur majeure) et dormir dans un endroit inconnu, dans un lit impersonnel, dans une ambiance de fête!!! (mauvais choix)

    Je te souhaite de retrouver un peu de paix et de sérénité lors de ta prochaine course!

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    1. Tout à fait! Je vais dorénavant m'en tenir à des marathons locaux à distance raisonnable de mon lit et accessibles en transports en commun.

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  3. Je suis essouflée juste à la lecture... alors je n'ose pas imaginer sur place. Quelle aventure. J'ai hâte de connaitre la suite et surtout, j'espère que dans tout ca, tu as pu apprécier certains moments.

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    1. Disons que tout ça a chassé le stress de la course. C'était vachement bien, en fait. ;)

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  4. Quel suspens quand même! La passe du Bixi en folie avec tes allers-retours étaient vraiment annonciatrice. Et un petit bout de phrase vraiment trop drôle: «C'est sympa de marcher un peu pour visiter, assure-t-il.» J'ai éclaté de rire. Sacré Phiphi qui à ce moment là, voulait sans soute sauver les meubles.

    Personne ne chantait dans l'auto donc...

    Et j'avoue que j'aurais été insultée à l'hôtel. Non mais quoi, ce n'est pas comme si l'hôtel vivait un débordement surprise qui demande indulgence, le marathon est à chaque année! Vous aviez réservé pas une une chambre bordel, des lits aussi! Pffff...

    Et tu nous laisses sur une véritable torture morale pour Éric et moi car là, c'est inévitable, on se demande ce que nous foutions dans ton cauchemar? Nous représentons la pression ou quoi? :) Qu'en pense Freud?

    En tout cas, contrairement au marathon, ça donne un très amusant récit. Mais pas étonnant que la chaleur ait autant pesé, tu bouillais déjà...

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    1. Quand j'attendais chez Viaroute, j'ai composé ton numéro pour déjà commencer à débriefer. :-) Puis je me suis dit que ça allait encore plus m'exciter le pompon d'en parler.
      Freud dirait que vous étiez la joie de courir dont je savait que j'allais manquer? Snif, snif.

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  5. J'ai vécu une pré-course de ce genre et j'ai trouvé cela éprouvant. Mais là, c'est la totale, vraiment. Heureusement que tu réussis à nous faire rigoler avec tout ça. Même si c'est un peu pervers, je l'avoue: j'ai hâte de connaître les erreurs subséquentes.

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    1. Rien de tout cela n'est vrai, bien sûr, j'espérais juste amuser la galerie. :-) (Si seulement.)

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  6. Magnifiquement... drôle! Vite vite la suite!

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    1. Merci Isa! Je rassemble mes forces pour la suite, c'est un peu traumatisant de revivre tout ça. Thérapeutique en même temps. ;-)

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  7. Moi aussi j'ai très hâte de lire la suite et je me suis aussi un peu vu à mon marathon l'an dernier à Ottawa (l'hôtel et bien d'autres choses!). Tu as bien raison, vive les courses près de la maison! :)

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    1. Oh! Julie! Tu aurais pu me prévenir alors! Pfff! ;)

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  8. C'est souvent dans le chaos que se retrouve les plus belles créations. Eh bien, c'est tout un texte que tu as pondu. Un délice. Dommage pour ta pré-course par contre.

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    1. Merci Luc! Bah, pour la pré-course, disons que ça fait des souvenirs. Et des leçons rudement apprises. :))

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